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La Calestienne |
Qu'est ce que la Calestienne ?
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La Calestienne, un nom presqu'inconnu... et pourtant
D�finition
O� est la Calestienne ?
Un pays de for�ts et de prairies...
Des r�cifs coralliens comme en Australie : les Tiennes de la Calestienne...
Des gouffres o� on jetait les chiens : les Abannets...
De vieux villages dans leur �crin de verdure : le Viroin...Calestienne, un mot qui sonne bien, un vieux mot bien de chez nous, et pourtant... inconnu de beaucoup.
En 1999, date de la cr�ation de ce site, Ni le Robert, ni le Larousse, ni les Guides g�ologiques, ni le Dictionnaire des termes g�ographiques, ni les encyclop�dies n'en parlent... et pourtant, la Calestienne existe vraiment.
Ainsi en est-il de la Calestienne : oubli�e, perdue, inexistante... et pourtant c'est une r�gion particuli�re de notre pays, qui existe de toute �ternit�, mais qui en a d�j� entendu parler ???
Par contre, la Famenne est bien plus connue et en fait, la Calestienne a v�cu longtemps dans l'ombre de cette Famenne, dans laquelle elle s'est toujours fondue et avec laquelle on l'a toujours confondue. Cependant, la Calestienne est bel et bien une r�gion g�ographique et g�ologique particuli�re.
C'est une r�gion g�ographique "coinc�e" entre, d'une part, les Ardennes fran�aises au Sud et les Ardennes belges au Sud-Est et d'autre part la Famenne et le Condroz au Nord.
C'est donc une bande de terres d'une largeur de plus ou moins 10 km s'�tendant de Chimay � Aywaille et comportant des terrains d'�ge D�vonien (Emsien, Eifelien, Givetien, Frasnien et Famennien) vieux de quelques 350 millions d'ann�es.
Pourtant, les "vieux" de chez nous emploient encore le terme "Calestienne", les forestiers, les anciens mineurs de Villers-en-Fagne qui "battaient la mine dans le plomb", les carriers..., tous connaissent ce mot qui semble venir d'un pass� lointain, ce mot que d'aucuns trouvent d�suet, ce mot oubli� de tous, un mot qui r�sonne le patois de chez nous, un mot de notre "entre Sambre et Meuse"
Dans le tome 28 (1925) du "Bulletin de la Soci�t� centrale foresti�re de Belgique", le mot Calestienne est utilis� � la p. 123, dans l'expression : "...la base schisteuse des mamelons calcaires dits Calestiennes..."
et d�fini ainsi en note infrapaginale : "On entend par Calestiennes les affleurements calcaires de la Fagne-Famenne et de l'Entre-Sambre- et-Meuse. Ce sont des bierts (= terrains incultes) et secs, justes bons pour y faire pa�tre des moutons".A la p. 364 du m�me tome, le mot est � nouveau cit� : "en Calestienne, comme on a baptis� les friches calcaires d'Entre-Sambre-et- Meuse..."
Mais c'est � la p. 201 du m�me bulletin que l'origine du mot est pr�cis�e, dans une note sign�e B., initiale d�signant L. BLONDEAU , forestier belge, : "... Ceci dit, Calestienne est du terroir sambre-meusien; les gens de ce pays appellent ainsi les collines calcaires qui s'�tendent au Nord des gr�s et des schistes rouges du Burnotien jusqu'aux schistes gris de la Fagne ; on d�nomme encore ainsi les pitons de calcaire qui d�passent le Nord de la Fagne ou y sont r�partis. C'est nous qui avons introduit ce nom dans la terminologie officielle au cours d'une gestion qui englobait pendant la guerre toutes les for�ts publiques du sud du Hainaut et de la province de Namur. Si le calschiste ou calcschiste est une roche schisteuse avec rognons de calcaire argileux, la Calestienne est une masse, une montagne de calcaire, des �tages Couvinien, Givetien ou Frasnien."
Monsieur Fourneau (prof de g�ologie � Vierves) explique aussi que c'�tait bien monsieur Blondeau qui �tait � l'origine de ce mot. Il pr�cise en outre que le mot Calestienne d�rive du mot "calestine". La calestine �tait autrefois un amendement calcaire qui �tait �pandu sur les terres cultivables dans la r�gion.
Ainsi, malgr� le fait qu'on pourrait tr�s facilement se laisser aller � croire, trop facilement peut-�tre, que le mot Calestienne est compos� de deux mots (en effet, on pourrait croire y reconna�tre le mot wallon ti�ne �voquant les fameux ti�nes calcaires (butes calcaires), typiques de cette r�gion; et pour la premi�re partie du mot, dans laquelle on pense voir la racine cales �voquant le calcaire), on doit se rendre � l'�vidence que "Calestienne" fait avant tout r�f�rence � "pierre calcaire" et m�me "pierre � chaux".
Mais allons faire un petit tour dans cette r�gion dont, je l'avoue, je suis tomb� amoureux dans les ann�es 1970...
Carte L.V.B. d'après les cartes du "Gai Savoir" de Ransart
Situation géographique de la Calestienne : De Chimay à Aywaille en passant par Couvin, Petigny, Nismes, Olloy-sur-Viroin, Vierves-sur-Viroin, Treignes, Vireux, Givet, Montigny-sur-Meuse, Oignies, Fépin, Haybes, Revin, Deville, Fromelennes, Beauraing, Pondrôme, Wellin, Halma, Chanly, Resteigne, Ave et Auffe, Han-sur-Lesse, Rochefort, Ambly, Jemelle, Marche en Famenne, Hotton, Durbuy, Barvaux, Wéris, Heyd, Tohogne, Hamoir, Comblain-au-Pont...
La Calestienne vue de plus pr�s :
G�ographiquement : Comme on peut le voir, on peut facilement l'int�grer � la r�gion g�ographique nomm�e "Fagne-Famenne".
G�ologiquement : On peut consid�rer que c'est la partie sud du synclinorium de Dinant coincée entre le massif du Condroz au nord et les massifs ardennais de Rocroi, Givonne, Bastogne, Serpont au Sud et de Stavelot � l'Est.
De Nismes � Treignes : La Calestienne
Photo L.V.B.Un paysage typique de la Calestienne : une vallée schisteuse bordée par le Sud (à droite de la photo) par les monts gréseux de l'Ardenne et par le Nord (à gauche de la photo) par le plateau du Condroz. Au centre, dans la vallée schisteuse, subsistent des butes calcaires, vestiges des anciens récifs coralliens du Dévonien.
Vue de la Calestienne vers l'Ouest depuis le Tienne de Najauge, à la frontière française. Le Village de Mazée est devant nous et Vireux est juste dans notre dos.
Paysages de la Calestienne
Photo L.V.B.Entre le plateau du Condroz et le massif ardennais, voici un pays attachant, de larges horizons verdoyants, des vall�es schisteuses parsem�es de prairies humides, peupl�es de vaches laiti�res, des buttes calcaires plant�es au sommet de pins sylvestres et aux pentes recouvertes de pelouses calcaires s�ches. Les orchid�es sont les plantes embl�matiques des pelouses calcicoles. Elles ont un cycle de vie complexe et �tonnant. On retrouve diff�rentes�Ophrys et des Orchis. Les orchid�es doivent recourir � l�aide de certains champignons car les graines sont incapables de se d�velopper seules. Quand cette symbiose se r�alise, il faut ensuite�attendre plusieurs ann�es avant de voir appara�tre leurs�belles grappes de fleurs. Les pelouses calcaire abritent�une mine d�or �cologique. Elles peuvent accueillir 40 � 50 esp�ces v�g�tales par m�tre carr�. Une�biodiversit�unique est possible en raison de la pr�sence�d�esp�ces fragiles mais particuli�rement bien adapt�es et r�sistantes aux�conditions extr�mes du milieu.
Pelouse calcaire du c�t� de Nismes au cours du printemps
Photo L.V.B.C'est le d�cor de la vaste d�pression de la Famenne et du bourrelet calcaire de la Calestienne qui s'allonge sur 60 kilom�tres, de Chimay � Aywaille en passant par Givet, Beauraing, Rochefaort, Barvaux sur Ourthe et Durbuy. Au nord, la limite est marqu�e par une succession de villages aux noms charmants, comme Vierves, Nismes, Treignes, Falmagne, Forz�e, Borlon, nich�s au pied de la derni�re cr�te condrusienne. Au sud, un v�ritable bourrelet calcaire, la "Calestienne" des g�ographes, semble surgir des profondeurs de la terre pour s'�riger en une ligne de collines souvent bois�es et qu'on appelle l�-bas des "tiennes".
Ainsi enserr�e entre des plateaux plus �lev�s, la Famenne se distingue par sa g�ologie : d'�pais bancs de schistes affleurent et la d�pression leur doit son existence.
On conna�t cette roche fragile, de nature argileuse, faite de plaquettes qui lui donnent un aspect feuillet�. Mais sait-on qu'elle fut la grande victime des p�riodes froides que nos r�gions ont connues au cours du dernier million d'ann�es? Sous l'action du gel (rappelez-vous : la glace occupe un plus grand volume que l'eau) ses joints gorg�s d'eau se dilat�rent et, les unes apr�s les autres, les fines lamelles �clat�rent en minuscules fragments enrob�s d'argile. Voil� une belle illustration de l'expression "geler � pierre fendre"! Sur les versants, ces d�bris s'�coul�rent lentement, colmat�rent les creux, nivelant progressivement le paysage. Puis, les cours d'eau prirent en charge ces mat�riaux et accomplirent ce long travail d'�rosion qui leur est d�volu depuis des mill�naires, parachevant ainsi l'�uvre entreprise et approfondissant peu � peu la r�gion.
C'est � hauteur de Focant, sur la butte qui m�ne au village de Hour, que l'on saisit le mieux cet extraordinaire travail d'usure. Nulle part, la disposition �tag�e d'un paysage n'appara�t mieux qu'ici, devant cette "plaine", soulign�e vers le sud par les contreforts de la Calestienne qui se dressent brutalement dans le lointain et domin�s eux-m�mes par la masse imposante de l'Ardenne.
Sur un sol imperm�able, la Famenne d�roule pour notre plaisir des fonds de vall�e verdoyants, des moissons qui se dorent au soleil de l'�t� et surtout ces prairies de fauche, spectacle traditionnel des mois de juin que parfume l'odeur du foin fra�chement coup� ... Seuls quelques bois piqu�s au milieu de la d�pression viennent jeter leur note sombre dans le paysage, nous rappelant que l'antique Famenne fut d'abord une zone foresti�re.
La Calestienne entre, � gauche les premi�res butes du massif ardennais et � droite le plateau du Condroz
Photo L.V.B. depuis le point de vue de FromelennesC'�tait la "Falminia" des Romains qui, comme ailleurs, avaient trac� ici une route. Et pour �viter une trop forte d�nivellation, ils avaient choisi de suivre le pied de la Calestienne, le bourrelet calcaire qui limite la Famenne au sud. L� se fixa tr�s t�t un habitat dense qui favorisa le d�frichement, r�v�lant sur le calcaire des sols l�gers, peu profonds, faciles � cultiver. Ainsi l'histoire et la g�ologie s'unissaient pour s�parer les for�ts d'Ardenne et de Famenne. Il n'est pas �tonnant d�s lors que les bosquets �pars qui pars�ment encore la d�pression soient presque tous connus dans la r�gion sous le nom de "famenne", t�moignage de cette for�t primitive que des si�cles d'exploitation allaient morceler et amoindrir. Telle est la "famenne" de Beauraing qui, au XVIIe si�cle encore, se soudait � deux massifs bois�s dont les restes subsistent � Baronville et � Hour. Parfois ce sont les terres cultiv�es qui portent encore ce vocable de "famenne". C'est le cas � Hour o� on d�signe ainsi cette grande plaine �tal�e devant Focant et d'o� �mergent seulement quelques rares boqueteaux, derni�res reliques du pass� forestier.
L'antique for�t est arriv�e jusqu'� nous sous forme de bois de ch�nes m�l�s d'�rables et de bouleaux. Dans les taillis prolif�rent les charmes, au milieu des massifs �pineux d'aub�pines et de prunelliers. Un tapis herbac� d'une rare beaut� accentue les merveilleux contrastes de couleurs que nous offrent ici les humbles fleurs des sous-bois. Voici la ficaire jaune, si semblable � sa s�ur, cette renoncule qu'enfant nous appelions bouton d'or. Voici le lamier dont les feuilles ressemblent � s'y m�prendre � celles de l'ortie: rassurez-vous, elles ne "piquent" pas !
Orphis apifera (Orchid�e abeille)
Photo L.V.B. prise du c�t� de Vierves sur ViroinCes sols argileux, humides, peu perm�ables, s'accommodent mal de la mise en culture. Aussi les prairies de fauche et les p�turages occupent-ils en Famenne d'immenses �tendues : la flore a beaucoup souffert, dans son abondance et sa vari�t�, de cette exploitation intensive. De-ci de-l�, dans les zones les plus humides, apparaissent cependant encore ces roseaux qu'on appelle carex ou des joncs utilis�s en vannerie. Mais le colchique � la parure automnale si somptueuse a presque totalement disparu ...
Les rivi�res qui coulent en Famenne ont perdu l'aspect torrentueux qui faisait leur charme dans leur Ardenne natale. Elles se calment, glissent silencieusement au milieu des pr�s, curieusement assagies. A peine discerne-t-on un tr�s l�ger bruissement, pareil � une musique fragile et furtive qui court le long des rives par�es d'iris jaunes. Et � celui qui cherche le repos, il suffira de suivre, solitaire, les eaux claires de la Lesse, de Lessive � Wanlin. Il longera les petits ruisseaux qui viennent s'y perdre. Il passera sous le ch�teau royal de Ciergnon, perch� au-dessus de son m�andre. Partout il trouvera une nature sereine qui l'incitera � la r�verie, mais aussi au plaisir de la d�couverte, dans une r�gion peu connue et dont le c�ur bat encore au rythme heureux des saisons.
Des r�cifs coralliens comme en Australie : les "Tiennes" de la Calestienne...
Blottis au creux de cette vaste d�pression qui accueille la Fagne et la Famenne, voici de petits villages endormis, encore tout empreints de l'atmosph�re sereine du pass�. Les maisons en pierre du pays somnolent, tranquilles, sous la protection d'une ferme-ch�teau, v�ritable forteresse flanqu�e de tourelles et t�moin des p�riodes troubl�es des si�cles pass�s. Calme et simplicit� de la nature : parfois entour�es de haies vives, des prairies vert tendre alternent avec des massifs bois�s aux couleurs soutenues. Car dans ce pays, le sol est argileux : il r�sulte de la lente alt�ration des terrains schisteux. Lourde et humide, la terre est ainsi propice aux p�turages.
Au loin, des collines veillent sur ce bout du monde et �l�vent leurs formes arrondies et massives au-dessus de l'horizon. Dans la r�gion, on les appelle "tiennes" ou "ti�nes". Tr�s fr�quentes dans les environs de Boussu-en-�Fagne, de Roly et de Nismes, elles portent des noms bien pittoresques: le tienne aux Pauquis, c'est la colline aux buis et le tienne aux Macralles, plus inqui�tant, c'est le mont aux sorci�res !
Les Tiennes entre l'Eau Noire et l'Eau Blanche
Dessin L.V.B.Etonnantes collines calcaires! Leur histoire remonte � un pass� g�ologique bien lointain, quand, � l'�re primaire, il y a plus de 400 millions d'ann�es, des mers tropicales recouvraient la r�gion. Dans ces eaux chaudes, milieu privil�gi� des coraux, on a vu prolif�rer des �difices calcaires, de v�ritables r�cifs. Pensez � l'Australie et � sa Grande Barri�re de Corail : l'origine est semblable... � une autre �chelle ! Epargn�s par l'�rosion (ce qui n'�tait pas le cas des schistes), ces r�cifs coralliens ont �merg� peu � peu : ce sont les tiennes de la Fagne d'aujourd'hui.
Qu'ils soient bois�s ou couverts de ces "pelouses" typiques des roches calcaires, les tiennes constituent pour les botanistes et zoologues un terrain de choix pour l'observation d'esp�ces v�g�tales et animales peu communes dans notre pays. Pour les historiens et les g�ographes, ces collines, sites d�fensifs par excellence, attestent de l'anciennet� de l'occupation par l'homme. On y a retrouv� des traces humaines remontant � la pr�histoire, des fortifications datant de l'�poque celte puis romaine et maints autres vestiges du pass�.
Les tiennes �voquent aussi l'�conomie rurale de nos anc�tres, lorsque, sous la conduite du berger communal, le herdier, les moutons et les ch�vres du village allaient p�turer dans les bois et sur ces collines incultes.
troupeaux de moutons p�turant sur le tienne du Roptai � Ave et Auffe, pr�s de Han sur Lesse
Photo L.V.B. (juillet 2015)Mais il est bien loin, ce temps des grands troupeaux, des bergers et des chiens ! Aujourd'hui, la v�g�tation reprend ses droits; et pins, ch�nes ou �rables tapissent souvent les versants de ces vieilles buttes calcaires.
Le sommet des tiennes est souvent bois� (plant� de pins, ch�nes...) et/ou recouvert d'une pelouse calcaire propice aux orchid�es.
Photo L.V.B.Ainsi chacun de nous trouvera ici quelque raison d'explorer l'un ou l'autre tienne. Venus du fond des �ges g�ologiques, arriv�s jusqu'� nous � travers la longue histoire des hommes, ces paysages insolites m�ritent bien une halte.
A notre �poque, l'exotisme se vend tr�s bien et le d�paysement est le cheval de bataille de toutes les agences de voyage. P�riples de r�ve et croisi�res inoubliables envahissent les d�pliants publicitaires. Mais est-il vraiment n�cessaire d'aller si loin pour s'�merveiller? Faut-il � tout prix avaler des kilom�tres pour atteindre aux sommets de l'insolite et du pittoresque? A ces questions on peut r�pondre par une autre : connaissez-vous le Fondry des Chiens, le Matricolo et la Roche Trou�e? Non? Alors suivez- nous!
Laissons-nous vous guider par la route qui relie Philippeville � Mariembourg, deux petites cit�s fond�es sous le r�gne de Charles-Quint, l'une en l'honneur de son fils, Philippe II, l'autre de sa s�ur, Marie de Hongrie. Quittons la route nationale et, par le chemin des �coliers, gagnons Nismes, petit village attachant nich� au c�ur de la vall�e de l'Eau Noire. Nous sommes dans l'�troite bande calcaire qui borde l'Ardenne. Des merveilles insoup�onn�es nous attendent ici, sur ce fameux plateau des Abannets qui plante son relief bois� � l'est de notre lieu d'�tape.
Ce nom d'Abannets est d�j� toute une histoire et son origine, tr�s controvers�e, m�rite une explication. Les g�ologues d�signent ainsi les nombreux gouffres qui entaillent ici le plateau calcaire. Quant aux historiens, ils remontent au XVIIIe si�cle : pour eux, ces excavations �taient des lieux � �viter, "� bannir" de toute pr�sence humaine, car elles pr�sentaient un r�el danger pour l'homme et son b�tail. Ce qui ne manque pas de pertinence ! Etrangement h�riss�s de monolithes cannel�s, ces gouffres sont en effet de v�ritables ab�mes : 30 m�tres de profondeur et 200 m�tres de diam�tre !
Vue a�rienne du Fondry des Chiens � Nismes
Photo L.V.B. prise d'un ULM. Pilote : Michel Fournier.Ces cavit�s b�antes se sont creus�es il y a bien longtemps, � la suite de la lente dissolution du calcaire par l'eau. Puis cette r�gion, comme tant d'autres, fut recouverte par la mer, et ces gouffres se remplirent de sables riches en fer qui furent exploit�s jusqu'au XIXe si�cle. Ces d�p�ts sont encore visibles dans le fond de . certains Abannets. L'industrie du fer est en effet tr�s ancienne dans la r�gion : elle remonte au moins � l'�poque romaine. Au XIXe si�cle, les r�sidus de la transformation du minerai, ces scories appel�es ici "crayats", s'accumulaient encore en vastes monticules le long de la route de Nismes � Saint-Joseph. Cette longue tradition m�tallurgique se perp�tue encore de nos jours � Couvin o� les po�leries gardent une certaine importance.
Certains auteurs voient d'ailleurs dans cette activit� l'origine du nom donn� au Fondry des Chiens, le plus c�l�bre de ces gouffres par ses dimensions. Selon une vieille tradition, l'expression "des chiens" signifierait tout simplement "des m�cr�ants", "des pa�ens" et aurait autrefois d�sign� les personnes �trang�res � la r�gion. Ainsi le nom de "Fonderies des Chiens" �voquerait cette activit� s�culaire pratiqu�e par des artisans venus d'ailleurs. Selon une autre tradition, cette myst�rieuse d�nomination proviendrait -vous l'aurez devin�- de l'habitude qu'avaient les gens du pays de jeter les cadavres de leurs chiens dans ces gouffres. Mais peu importe ! Admirons ce relief tourment� ... Les parois lisses des versants et les petites aiguilles rocheuses du Fondry des Chiens composent un �trange paysage lunaire, v�ritable jeu de construction, excellent terrain d'entra�nement pour les alpinistes et les sp�l�ologues d�butants, mais aussi pour les sauveteurs-pompiers qui y font r�guli�rement des entrainements.
Retournons vers Nismes pour emprunter le sentier qui, de l'autre c�t� de la vall�e, nous conduit sur le plateau du Bois Mousty. L� s'ouvre sous nos pieds une vaste d�pression en forme d'entonnoir : c'est le Matricolo, un autre gouffre tr�s profond qui, au milieu des conif�res, enfonce ses parois dans le calcaire. Quelques mauvaises marches permettent d'y descendre. Une l�gende locale rapporte, mais sans pr�ciser les faits, qu'au si�cle dernier, des ouvriers occup�s � l'exploitation du fer per�urent un jour des bruits inqui�tants d'effondrement. Effray�s, ils remont�rent rapidement, persuad�s sans doute d'avoir �chapp� au diable! Cet �pisode, certainement amplifi� par la tradition, signifie peut-�tre que cette cavit� est en relation avec un trajet souterrain de l'Eau Noire. Myst�re ...
Le nom de Matrico lui-m�me est curieux. Doit-il son origine � la d�formation de Mathieu Colot en Mati Colot qui aurait �volu� au cours des temps en Matricolo? Simple hypoth�se! Car ce Mathieu Colot, dont certains anciens du village ont, semble-t-il, encore quelques vagues souvenirs �mergeant de leur enfance, est, depuis longtemps, tomb� dans l'oubli. S'il a jamais exist� ...
Les diff�rents fondrys entre Nismes et Dourbes
Dessin L.V.B.En quittant ce plateau, nous rejoignons la route en direction de Saint-Joseph. Non loin de ce hameau se dresse une colline calcaire aux pentes raides. Apr�s une courte ascension, nous voici devant la Roche Trou�e. Quel spectacle! Ici aussi, patiemment, les eaux ont perc� la roche, creusant une �tonnante cavit�, �il de g�ant au travers duquel le paysage appara�t comme un tableau qu'on aurait encadr�. Ce site admirable, par sa situation autant que par son panorama, fut occup� tr�s t�t par l'homme.
Car cette r�gion est aussi une vieille terre d'histoire. On ne peut en effet n�gliger l'empreinte ind�l�bile des civilisations qui se sont succ�d� ici. Les souvenirs historiques, les curiosit�s g�ologiques, les paysages riants de ce morceau d'Entre-Sambre-et-Meuse valent assur�ment un d�tour.
Prenons donc la peine d'ouvrir un atlas et rep�rons ce Viroin. Toujours le m�me paysage... mais qui s'en lasserait? Un petit cours d'eau bord� vers le nord par une �troite bande de roches calcaires qui porte le nom de "Calestienne". L� se diss�minent de curieuses collines appel�es "tiennes" et couvertes de bois, de taillis ou encore d'une pelouse s�che et rase, riche en esp�ces v�g�tales peu communes sous nos climats. Elle domine la vaste d�pression schisteuse de la Fagne o� la teinte claire des prairies alterne avec les taches sombres des for�ts. A l'horizon, toujours vers le nord, se profilent les cr�tes condrusiennes. Vers le sud, de l'autre c�t� de la vall�e et couronnant le sommet du versant, s'avance la masse inqui�tante et compacte de la for�t ardennaise.
Le Viroin commence son p�riple au pied de la Roche � Lomme. Puis il enserre en un ample m�andre le c�l�bre plateau des Abannets, perc� de gouffres tourment�s qui s'ouvrent brusquement aux pieds des promeneurs, comme de gigantesques puits. La vall�e s'insinue alors entre des collines couvertes de buissons, de taillis de ch�nes ou m�me de buis, derni�re irradiation de la v�g�tation m�diterran�enne.
Un peu en retrait de la vall�e, voici les maisons de Dourbes, curieux village adoss� � un �norme escarpement rocheux, blocs de pierres grises qui se chauffent au soleil. Non loin, de hautes frondaisons dissimulent, admirablement situ�es sur un abrupt, les ruines du ch�teau fort de Haute-Roche. Il ne connut jamais de ch�telain et il �voque, non pas la "vie de ch�teau" mais l'atmosph�re rude des garnisons.
Contournant un autre tienne en un large et harmonieux m�andre, la rivi�re enfin s'�largit au milieu des prairies et s'installe � partir d'Olloy entre la bande calcaire et le massif ardennais. Olloy, c'est une petite cit� touristique un peu h�t�roclite o� les nouvelles constructions n'ont heureusement pas fait dispara�tre le vieux noyau de maisons en pierres de taille. C'est pr�s du pont de pierre, de "l'autre c�t� de l'eau", que tournait la roue du moulin banal. C'est l� aussi que s'amorce la route en corniche vers Vierves : elle grimpe le long de rochers escarp�s, tandis qu'� droite, le Viroin coule entre des buissons � demi sauvages. Puis la rivi�re se divise en deux bras qui se rejoignent � l'entr�e de Vierves, serr� autour de l'�l�gante silhouette de son ch�teau de la fin du XVIIIe si�cle, mais dont l'origine est beaucoup plus ancienne. Le village qu'il prot�ge passe pour le plus ancien de la vall�e dont il aurait pris le nom "Vima" qui a donn� Viroin mais aussi "Virvia", francis� en Vierves.
Le village n'a gu�re chang� depuis le XVIIIe si�cle. Il a conserv� de nombreuses maisons en pierres de taille, qu'il est bien agr�able de d�couvrir lentement en fl�nant par les rues et les venelles pentues. Serpentant entre les tiennes, le Viroin poursuit sa route, fr�le l'Ardenne et joue avec le chemin de fer. La route domine la vall�e et permet de belles �chapp�es sur celle-ci, sur un coin de village, sur des toits. Que d'admirables perspectives nous sont ici m�nag�es ! Ainsi d�couvre-t-on Treignes et sa majestueuse �glise. L� aussi, le c�ur du village est rest� intact, avec ses belles maisons en pierre calcaire, ses toits d'ardoise et sa prestigieuse ferme-manoir. L� aussi, les jardins descendent jusqu'� la rivi�re que franchit un vieux pont de pierre. Un large chemin d'exploitation foresti�re monte vers la for�t ardennaise � la d�couverte d'un charmant et pimpant hameau construit en pierres du pays au milieu d'une clairi�re : c'est Le Mesnil.
Quant � la route, elle se subdivise � hauteur de l'ancien moulin de Maz�e : une branche suit le Viroin qui court vers la France et la Meuse, l'autre monte vers Maz�e. Des hauteurs de ce village, on d�couvre une tr�s belle perspective, vers l'amont, de cette vall�e du Viroin, m�lange subtil de paysages fagnards, de for�ts myst�rieuses et de vallons tranquilles.
Alors, dites-moi... comment ne pas tomber amoureux d'une si belle et si riche r�gion ?
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