Cesaro Jean-Daniel, Magrin Géraud, Minot Olivier, 2010, Atlas de l’élevage au Sénégal ; commerce et territoires
Cesaro Jean-Daniel Magrin Géraud, Minot Olivier, 2010, Atlas de l’élevage au Sénégal ; commerce et territoires, Paris, CIRAD-ATP Icare / Université Paris I-Prodig, 32 p.
Texte intégral
1Le CIRAD a hérité de l’ancien IEMVT (Institut d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux) un département de recherches spécialisé sur l’élevage dans les pays tropicaux, notamment en Afrique. Les chercheurs actuels du CIRAD diffèrent cependant des anciennes équipes de l’IEMVT par une composante plus forte en sciences sociales, notamment en économie et géographie. Trois géographes relevant respectivement du CIRAD, du CNRS et de l’Université Paris I se sont ainsi associés pour éditer un petit atlas de l’élevage au Sénégal. La conception de cet atlas est complètement à l’opposé de la série des atlas sur “L’élevage dans le Sahel africain” publiés par l’IEMVT de 1985 à 90. D’abord dans la présentation matérielle : à de très grands atlas, véritables monuments éditoriaux mais difficilement consultables, s’oppose un fascicule d’une trentaine de pages au format 21 X 30 très facile à manier et à feuilleter. Alors que les anciens atlas juxtaposaient mais en les séparant des cartes et des notices explicatives, cette fois cartes et textes sont imbriqués, directement en vis-à-vis, selon une mise en page attrayante qui introduit également la photo comme document de base. On pressent que les concepteurs de cet atlas ont été influencés par les formules récentes des “Atlas Jeune Afrique”. À propos des contenus, les différences avec les anciens atlas de l’IEMVT ne sont pas moindres. Alors que ceux-ci restituaient les apports détaillés de longues recherches sur le terrain, notamment en matière d’inventaire des pâturages et des végétations, cette fois il s’agit d’une cartographie très synthétique et didactique centrée sur des données économiques de l’élevage. C’est donc un petit atlas de vulgarisation mais qui mobilise toute une gamme de techniques pédagogiques : cartes bien sûr et graphiques mais aussi images satellitales et nombreux textes encadrés sur fonds en couleur. Le fascicule comporte trois parties : les territoires de l’élevage, le commerce du bétail, la filière lait. Chaque partie est introduite par une présentation générale et s’articule en plusieurs thèmes, chacun étant exposé en une ou deux pages au maximum. C’est donc un résumé, voire un concentré des connaissances sur chaque sujet, ce qui a dû représenter un exercice contraignant pour les auteurs. Chaque page thématique commence elle-même par un encadré introductif sur fonds coloré dont la teinte change d’une partie à l’autre. La maquette s’avère ainsi assez sophistiquée. La première partie se démarque nettement des présentations anciennes des ressources naturelles exploitées par l’élevage (pâturages et eaux) pour privilégier l’organisation de “territoires d’élevage”, objectif politique constant des pays africains mais réalité souvent mouvante. À une échelle plus restreinte, le Sénégal est l’un des pays africains qui a poussé le plus loin l’organisation d’”unités pastorales” dont un exemple est présenté dans l’atlas. En ce qui concerne le commerce du bétail, le cadre national n’est peut-être pas le plus approprié pour restituer des circuits qui fonctionnent, dans toute l’Afrique de l’Ouest, à cheval sur plusieurs pays. Cette réalité, même au Sénégal qui souhaiterait pourtant s’approvisionner en viande à partir de sa production, amène les auteurs à élargir le cadre sénégalais aux circuits régionaux de bétail de commerce dans l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest et même du Centre ! L’étude de nœuds commerciaux du bétail, surtout bovin au Sénégal, est complétée par le moment fort du commerce des ovins, à l’occasion de la Fête du Mouton. Si le commerce du bétail dépasse les frontières du Sénégal, à l’échelle nationale se substitue, pour la filière laitière, soit l’échelle mondiale pour les importations de produits laitiers, soit l’échelle locale pour les “unités laitières” de collecte auprès des éleveurs. Décidément, en matière d’élevage, le cadre national s’avère encore souvent peu pertinent ! Plusieurs exemples de petits bassins laitiers, tous différents les uns des autres, donnent lieu aux développements peut-être les plus inédits de l’atlas. On regrette l’absence de quelques pages conclusives et synthétiques sur les problèmes actuels de l’élevage au Sénégal : réduction des pâturages, insécurité foncière, dangers de désertification… sans oublier les problèmes des éleveurs eux-mêmes : dépastoralisation en certaines régions et paupérisation. Certes, l’expression cartographique de tels problèmes et enjeux pastoraux n’est pas évidente. Il n’en reste pas moins qu’en une trentaine de pages, une riche documentation se trouve rassemblée en une présentation agréable et fort esthétique. À quand le même exercice pour l’élevage dans un autre pays africain ?
Pour citer cet article
Référence papier
Jean Boutrais, « Cesaro Jean-Daniel, Magrin Géraud, Minot Olivier, 2010, Atlas de l’élevage au Sénégal ; commerce et territoires », Journal des africanistes, 81-2 | 2011, 306-307.
Référence électronique
Jean Boutrais, « Cesaro Jean-Daniel, Magrin Géraud, Minot Olivier, 2010, Atlas de l’élevage au Sénégal ; commerce et territoires », Journal des africanistes [En ligne], 81-2 | 2011, mis en ligne le 18 janvier 2016, consulté le 21 avril 2025. URL : http://journals.openedition.org/africanistes/4181 ; DOI : https://doi.org/10.4000/africanistes.4181
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