Introduction
p. 11-21
Texte intégral
1Le propos de cet ouvrage est d’analyser la durée et la complexité de la genèse du territoire diocésain dans l’Occident médiéval entre le ve et le xiiie siècle, en se démarquant de la géographie historique traditionnelle encline à y voir un héritage plus ou moins direct de l’État romain chrétien. Plus largement, les études rassemblées ici espèrent contribuer, sous l’angle particulier des questions spatiales, à une meilleure compréhension de l’évolution du fonctionnement de l’institution ecclésiale comme de la place qu’elle occupe au sein de la société et vis-à-vis des pouvoirs civils de l’Antiquité tardive à l’âge médiéval classique.
21. En premier lieu, il faut préciser le sens des termes et de la chronologie retenus. Le premier terme est celui de territoire. Le mot est aujourd’hui largement galvaudé à force d’usages et de manipulations divers. Les administrations de l’État et les collectivités locales, les agences de communication et les services touristiques, les différentes disciplines du monde de la recherche – de la sociologie à la géographie en passant par l’historiographie – s’en sont emparés au point de le doter d’une polysémie peu propice à en préserver l’intérêt heuristique dans le champ des sciences sociales. Parmi les géographes, certains en sont même venus à plaider en faveur de son abandon pur et simple1. Pour notre part, une telle résolution ne semble ni nécessaire, ni souhaitable. À la différence de la notion d’espace, qui le plus souvent ne tient lieu chez les historiens que de réceptacle ou de variable, la notion de territoire nous semble conserver de précieuses potentialités d’analyse si l’on veut bien s’accorder sur une définition précise et sobre. Nous emprunterons la nôtre à la sociologie historique de Max Weber, même si celui-ci ne s’intéresse par ailleurs que très peu aux enjeux spatiaux des configurations sociales, et au droit romain classique. Pour Weber, le territoire est essentiellement l’espace de projection d’une institution2. Il n’y a de territoire que lorsqu’un pouvoir institutionnel entreprend de définir – c’est-à-dire de doter de limites – et d’organiser pour le maîtriser, en le subdivisant et en le parcourant, l’espace où il entend exercer sa domination. Une telle définition se révèle très proche de celle fournie par le droit romain classique, reprise en particulier dans le Digeste, dont Michel Lauwers a rappelé récemment la teneur : « Le mot territoire (territorium) désignait pour eux [les Romains] l’espace circonscrit autourde la cité où s’exerçait la toute-puissance de l’État. » La définition s’appuie sur l’étymologie de territorium qui renverrait au pouvoir légitime des magistrats d’exercer la terreur au sein de l’espace considéré3. On le voit, chacune de ces définitions articule étroitement espace et pouvoir institutionnel. Même si Weberet les juristes romains envisageaient d’abord ou seulement l’État, leur propos peut à l’évidence être étendu à d’autres institutions, à commencer par l’institution ecclésiale. Dans ce cadre, la notion de territorialisation renvoie au phénomène de construction d’un tel rapport de l’institution à l’espace et aux processus qui le favorisent ou le mettent en œuvre sur le plan des pratiques comme sur le plan des représentations4.
3Le deuxième terme est celui de diocèse. Dans l’Église catholique contemporaine et dans la langue courante il désigne exclusivement la circonscription de l’évêque, successeur des apôtres, et donc la structure territoriale fondamentale de l’encadrement des fidèles. Ce sens ne s’impose cependant de manière définitive qu’à partir des xiie-xiiie siècles. À l’origine, c’est-à-dire à la suite de la réforme de Dioclétien (284-305), il s’agit d’une vaste circonscription civile, placée sous l’autorité d’un vicaire, englobant plusieurs provinces, elles-mêmes composées de multiples cités. La création par Constantin (306-337) de nouvelles fonctions administratives (préfets du prétoire et comtes) et l’adoption du terme par le clergé pour désigner la communauté ou le ressort qui relèvent de l’évêque, lui-même installé dans un chef-lieu de cité (civitas), entraînent l’abandon progressif de son sens civil. Cependant, tout au long du haut Moyen Âge, diocèse demeure d’un usage rare et désigne en fait le plus souvent une partie seulement du diocèse tel que nous l’entendons, un groupe d’églises baptismales que réunit la proximité topographique5. Lorsqu’il s’agit d’évoquer le ressort ou la communauté de l’évêque les textes préfèrent d’autres termes : civitas, pagus, territorium, episcopatus et surtout parochia, un terme dont usent encore les prélats ou les papes réformateurs de la fin du xie et du début du xiie siècle, ou même Gratien dans certains passages du Décret6. Tous ces termes sont eux-mêmes riches de sens multiples et en constante évolution et ne renvoient pas nécessairement ni exclusivement à la notion de territoire. Diocèse ne s’impose, avec le sens territorial qu’on lui connaît, qu’à l’issue de la période envisagée ici. Cette clarification tardive a du sens. D’une part elle met fin à l’ambiguïté du terme parochia qui finit parallèlement par ne plus désigner que la paroisse, désormais aussi pensée comme un territoire organisé localement autour de l’église et du cimetière. D’autre part, à la différence d’episcopatus qui valorisait le rôle de l’autorité épiscopale, elle accompagne l’essor des chapitres qui s’imposent alors, aux côtés des évêques, comme les principaux artisans de la construction territoriale des diocèses.
4La chronologie enfin doit être justifiée car elle oriente le traitement de la question. Comme entend le montrer cet ouvrage, l’association des termes diocèse et territoire ne va pas de soi et ne peut être tenue pour le produit quasi instantané de l’intégration de l’ecclesia dans les structures de l’État à la suite de la conversion de Constantin et à l’initiative des empereurs romains chrétiens aux ive et ve siècles. En comparaison de l’État romain tardif, les sociétés du haut Moyen Âge sont marquées par un affaiblissement durable des modalités territoriales d’exercice du pouvoir et d’encadrement des hommes, qui atteint autant l’institution ecclésiale que les pouvoirs civils, royaux ou aristocratiques, même si l’ampleur du phénomène peut faire l’objet d’appréciations contrastées et si le moment carolingien représente à bien des égards une inversion de tendance. Par ailleurs, l’imbrication prononcée des sphères ecclésiastique et laïque dans tous les domaines de la vie sociale et politique, au moins jusqu’au xie siècle, modèle fortement les conditions d’exercice du pouvoir épiscopal, jusque sur le plan spatial. Enfin, les troubles intérieurs et les agressions extérieures compromettent régulièrement, jusqu’au milieu du xie siècle parfois, la pérennité de nombreux sièges. Cette situation contraste fortement avec ce que laisse voir la documentation concernant l’administration des diocèses à partir du milieu du xiiie siècle. Règlements de litiges frontaliers, canons conciliaires, statuts synodaux, premiers pouillés, visites épiscopales, registres d’officialité… rendent compte d’une territorialité diocésaine effective, confirmée par le droit et tout un ensemble de pratiques pastorales et seigneuriales. Pour la première fois, de véritables cartes diocésaines peuvent être dressées sur la foi de documents contemporains. Par ailleurs, depuis la fin du xie siècle, le diocèse est promu par la papauté réformatrice comme unité de base du gouvernement de l’institution ecclésiale, ce dont témoignent, entre autres, la reprise d’une activité conciliaire œcuménique à partir de 1123 et la rédaction de listes des diocèses de la chrétienté à l’usage de la chancellerie pontificale, dont la première et la plus fameuse reste le Provinciale Romanae ecclesiae, établi en 1188-11897. C’est à ce titre qu’à la même époque la papauté revendique et exerce un droit de remodelage des circonscriptions diocésaines. Elle le met par exemple en œuvre à Cambrai, au bénéfice du nouveau siège d’Arras, ou à Saint-Paul-Trois-Châteaux, au bénéfice de l’ancien siège d’Orange un temps disparu8. Ce contraste et ces discontinuités expliquent la nécessité de s’intéresser à la question du territoire diocésain dans la longue durée, du ve au xiiie siècle.
52. Quels sont les principaux enjeux historiographiques d’une telle enquête ? Comme nous l’avons déjà suggéré, l’adoption progressive de la cité comme cadre de l’exercice du ministère épiscopal par les conciles des ive-ve siècles (Nicée, Sardique, Laodicée, Constantinople, Chalcédoine), ainsi que la relative rareté des sièges épiscopaux non hérités de l’Antiquité tardive, ont nourri dans la tradition historiographique une certaine illusion administrative et territoriale au sujet du diocèse médiéval. Par-delà les vicissitudes politiques et sociales, l’Église reste considérée comme la dépositaire de la territorialité du droit héritée de Rome et le diocèse comme le seul socle institutionnel stable, dont la nature territoriale et la configuration spatiale remonteraient sans grande variation à l’Antiquité tardive. Cette conception a longtemps imprégné la géographie historique et l’histoire des institutions, lesquelles se sont par exemple souvent appuyées sur la carte des diocèses des xive-xvie siècles pour reconstituer, par démarche régressive, la carte des civitates antiques9. On a pu de même s’appuyer sur la carte des archidiaconés ou des archiprêtrés des xiiie et xive siècles, ces subdivisions du diocèse, pour reconstituer la carte des pagi du haut Moyen Âge. Telle était globalement en France, au tournant des xixe et xxe siècles, la perspective d’un Auguste Longnon, concepteur d’un atlas historique qui a marqué des générations d’historiens et de géographes et l’un des principaux artisans de la collection des pouillés des provinces ecclésiastiques de France, dont chaque volume s’ouvre par un exposé de géographie historique ecclésiastique10. Une telle conception fait non seulement l’hypothèse d’une grande solidité des structures territoriales mises en place, au moins dans les pays de vieille chrétienté, à la fin de l’Antiquité, mais surtout ignore la question de la territorialité en elle-même : comme le montrent de nombreux travaux, celle-ci doit elle-même être objet d’histoire tant sa vigueur, sa nature, son sens sont susceptibles de grandes variations selon les temps, les lieux, les pouvoirs11. Que ponctuellement d’anciennes limites de cités aient été rappelées ou que de nouvelles bornes aient été établies fixant, parfois même de manière linéaire (le long d’un fleuve ou d’une crête par exemple), l’aire respective de deux sièges épiscopaux voisins à certains moments du haut Moyen Âge ne fait pas l’ombre d’un doute12. Pour autant, cela ne semble pas impliquer la permanence générale des structures ni même des conceptions territoriales antiques. La délimitation d’un ressort propre à l’évêque n’est pas (ou plus ?) considérée comme nécessaire, ni utile, et ne fait jamais l’objet d’une entreprise systématique. En outre, l’action de l’évêque, qu’elle soit pastorale ou plus largement politique, ne renvoie pas de manière déterminante, au-delà du chef-lieu de cité et de son suburbium, à des pratiques et des enjeux proprement territoriaux, à l’exception, et encore, du contrôle domanial.
6Dans cette perspective, le premier enjeu de l’enquête consiste donc à relativiser, voire à rejeter, l’idée d’une continuité avec les temps tardo-antiques et à proposer d’autres voies susceptibles de mieux expliquer la genèse médiévale de la territorialité et du territoire diocésains.
7Dès lors, le propos entretient des rapports étroits avec deux chantiers historiographiques ouverts depuis la fin des années 1990 au sujet des relations de l’institution ecclésiale avec l’espace : celui de la spatialisation du sacré d’une part, celui de la genèse territoriale de la paroisse d’autre part. Les recherches sur la spatialisation du sacré, initiées par le Centre d’études médiévales d’Auxerre, ont mis en lumière la durable primauté des logiques de lieu sur les logiques d’étendue ou de territoire13. Durant un long haut Moyen Âge, la structuration de l’espace renvoie à la polarisation du sacré par des lieux ou des objets spécifiques : les reliques des saints et les autels d’abord, les églises et les cimetières ensuite. Ces recherches ont par ailleurs associé ce phénomène de polarisation aux processus de distinction et de hiérarchisation des personnes (avec le rôle croissant de la médiation sacerdotale et la hiérarchisation des ordres) et des biens (avec l’essor d’un discours réformateur soucieux de soustraire le patrimoine et les droits ecclésiastiques à l’emprise des laïcs). Il faut évoquer à l’appui de ces analyses l’opération fondamentale que représente, pour l’ensemble des processus de territorialisation, l’extension de sacralité qui se produit parfois, aux xe-xiie siècles, depuis un lieu sacré vers l’espace délimité qui l’entoure, au profit de certains établissements et domaines monastiques, grâce à l’acquisition de privilèges d’immunité d’un genre nouveau14. Ces recherches ont enfin dessiné les premiers contours d’une évolution chronologique marquée par de notables inflexions au tournant des ive-ve siècles, dans la seconde moitié du ixe siècle, puis aux xie-xiie siècles.
8Les recherches sur la formation des paroisses sont quant à elles beaucoup plus anciennes15. Elles connaissent cependant aujourd’hui un net regain qui s’accompagne d’un profond renouvellement dont témoigne en dernier lieu le volume d’études sur La paroisse. Genèse d’une forme territoriale, publié à l’initiative du laboratoire Archéologie et territoire de Tours16. À rebours de la tradition historiographique initiée par Camille Jullian, le chanoine Chaume et Marcel Aubrun en France et bien des travaux, jusqu’aux plus récents, de l’école anglaise, ces recherches tendent à souligner le caractère tardif non seulement de l’émergence d’une conception territoriale de la paroisse, qui n’est pas attestée avant le ixe siècle et ne s’impose définitivement qu’au xiiie siècle17, mais encore d’une véritable territorialisation à l’échelle locale, qui ne s’opèrerait qu’au cours des xie, xiie et xiiie siècles. À ce propos, on a depuis longtemps souligné le rôle joué par les conflits dans la structuration progressive du maillage et la délimitation des circonscriptions paroissiales. Les recherches récentes confirment cette analyse, mais elles se refusent à y voir l’aménagement tardif d’une territorialité héritée. Il s’agit pour elles, au contraire, du moment décisif de la morphogenèse paroissiale. Par ailleurs, elles insistent sur le rôle déterminant de la sacralisation des lieux d’inhumation qui, plus que le contrôle des fonts baptismaux ou l’instauration du prélèvement dîmier, a contribué de manière décisive à l’enracinement territorial des communautés locales, dans les campagnes comme dans les villes18. Ces recherches proposent donc une nouvelle compréhension et une nouvelle périodisation d’un phénomène de territorialisation étroitement lié à celui du diocèse.
9Le deuxième enjeu de l’enquête présentée ici est donc de compléter et d’enrichir, voire d’infléchir, les apports issus de ces deux chantiers voisins du nôtre. Dans ce cadre, l’entreprise vise à mieux comprendre le sens, les modalités et les conséquences de la territorialisation de L’Ecclesia dans une perspective d’histoire sociale, l’institution ecclésiale représentant la principale instance d’encadrement des hommes. Mais elle implique aussi d’envisager des questions plus proprement politiques.
10En effet, comme on le sait, les évêques sont, dès les ve-vie siècles, les dépositaires de nombreuses prérogatives civiles et l’office épiscopal est souvent pleinement intégré aux structures de gouvernement à l’échelle des royaumes, des principautés ou même des seigneuries. Une telle situation conduit nécessairement à envisager de concert pouvoirs et territoires ecclésiastique et laïque. Dans ce domaine, les recherches se révèlent plus rares et dispersées, en particulier en France, à la différence de l’Allemagne et surtout de l’Italie19. On sait que les pouvoirs civils du haut Moyen Âge se sont progressivement détachés des structures territoriales de l’État romain et se sont recomposés autour de la maîtrise de réseaux personnels, soutenus par la circulation de biens et de droits et le contrôle de lieux centraux (cités, palais, forteresses, forêts…) polarisant la déambulation des grands. Comme le laisse voir une bonne part de l’historiographie récente, la portée territoriale de la restructuration administrative menée par les souverains carolingiens aux viiie et ixe siècles, longtemps surestimée, se révèle ambiguë et ses effets limités20. Dans ce contexte, l’imbrication des pouvoirs ecclésiastiques et laïques a certainement longtemps représenté un obstacle ou un frein à l’émergence d’une territorialité proprement ecclésiastique. En revanche, une fois engagés, les processus de territorialisation affectant les uns ne pouvaient qu’avoir des effets (d’imitation, de rejet, d’adaptation…) sur les autres.
11Dans ce cadre, les relations entre évêques et comtes et entre diocèses et comtés représentent sans aucun doute une des questions les plus complexes, qui, en dépit de l’ancienneté de l’intérêt historiographique qu’elle suscite, n’est toujours pas épuisée. La généralisation de l’institution comtale à l’initiative des souverains mérovingiens et carolingiens, même si elle s’est souvent appuyée sur la carte des chefs-lieux de cités, où résidaient déjà les évêques, n’a en réalité pas favorisé la territorialisation solide et durable de ressorts comtaux de nature administrative. D’abord en raison du caractère hétérogène des comtes eux-mêmes (comtes de cités plus ou moins importantes, comtes de pagi, « super comtes » contrôlant seul plusieurs pagi ou dominant des comtes subalternes…), qui s’explique par le contexte politique (le choix du roi, la situation géographique…) ou des motifs sociaux (le prestige et la puissance de la parenté dont est issu le comte). Ensuite et surtout en raison de la complexité et des fréquentes interférences entre les différents « espaces comtaux » : l’espace d’exercice des pouvoirs publics du comte (ici un pagus, là plusieurs), l’espace de la mense comtale (parfois située à l’extérieur du ressort public du comte), l’espace des biens patrimoniaux ou des bénéfices du comte (le plus souvent dispersés entre plusieurs pagi). Il est dès lors hasardeux d’avancer la thèse d’une superposition systématique des ressorts comtaux et épiscopaux (dont on ferait l’hypothèse de l’antériorité) à l’époque carolingienne. Cette situation ne se rencontre en fait qu’à partir du xe siècle, dans des configurations exceptionnelles où l’évêque reçoit du souverain (principalement germanique ou bourguignon) l’ensemble du comitatus dans une cité et son territoire21. De manière beaucoup plus fréquente, à la même époque, c’est-à-dire aux xe-xie siècles, le contrôle des charges comtale et épiscopale par une même parenté sur plusieurs générations imbrique profondément les prérogatives et les patrimoines attachés à l’une et l’autre22. La situation est souvent encore compliquée par l’émergence des chapitres, surtout lorsque ceux-ci commencent à être véritablement dotés d’une mense propre. Dans ce contexte, la territorialisation du diocèse dépend étroitement de l’évolution des relations entre pouvoir épiscopal et pouvoir comtal. Dans le cadre de la réforme de l’Église, la dissociation entre l’episcopatus et le comitatus favorise peu à peu l’émergence d’une territorialité et de territoires ecclésiastiques et laïques qui ont chacun leurs logiques et leur raison d’être. Le phénomène est souvent plus visible ou d’abord perceptible dans les cités elles-mêmes23, mais il concerne bien l’ensemble des ressorts.
12Un autre champ de recherches tient au rôle joué, aux xe-xiie siècles, par l’essor des pôles castraux, qu’il s’agisse des châteaux édifiés ou contrôlés par les évêques eux-mêmes ou de ceux autour desquels s’élaborent les seigneuries laïques. Deux problèmes doivent alors être envisagés : celui l’articulation entre seigneurie épiscopale, seigneurie canoniale et territoire diocésain d’une part, celui de l’articulation entre maillage castral et maillage ecclésiastique (paroisses, doyennés, archidiaconés) d’autre part. À l’exception des relations entre paroisses et châteaux24, les études sur ces questions sont malheureusement encore trop rares pour dessiner de véritables perspectives d’ensemble25.
13Au final, le troisième enjeu de l’enquête consiste donc à insérer l’étude de la genèse territoriale du diocèse au sein de l’ensemble des processus de territorialisation des pouvoirs entre ixe et xiie siècles.
143. Une fois précisés le cadre et les enjeux de la recherche, il reste à présenter brièvement les thématiques privilégiées par les études réunies dans ce volume.
15Une première thématique concerne la relation entre centre et territoire. Il est en effet nécessaire de distinguer la question des sièges de celle des diocèses. L’ancienneté fréquente des sièges relève de logiques multiples entremêlant préoccupations pastorales, histoire urbaine et structures de gouvernement. L’association privilégiée de l’évêque et de la cité, qui se reflète jusque dans le vocabulaire – n’évoque t-on pas ces chefs-lieux à travers la figure du siège (sedes) ? – et dans la titulature (on est toujours évêque d’un lieu), est un phénomène bien connu. Elle se traduit, de manière souvent précoce et durable, par un surinvestissement matériel et idéel, monumental et symbolique qui fait de la cité sainte un « lieu central » polarisant les pratiques sociales et religieuses, voire les pratiques politiques de la société environnante. Pour autant, il ne faut pas déduire de cette polarisation précoce la formation parallèle d’un territoire homogène qui lui serait associé et subordonné, ni s’enfermer dans une approche spontanément et exclusivement territoriale de la terminologie institutionnelle (civitas, episcopatus, parochia…). En outre, la genèse de la carte des sièges fut longue et complexe, y compris dans les régions méditerranéennes implicitement considérées dans l’historiographie comme les plus conservatrices. L’invasion musulmane de la péninsule ibérique et de la Sicile, comme l’occupation byzantine de la Pouille, ont, par exemple, profondément déstructuré le tissu tardo-antique de ces régions. La reformation des sièges aux xe-xiie siècles, en dépit des constructions mémorielles des clercs, traduit plus souvent de véritables créations, ajustées aux réalités politiques et urbaines du temps, que des restaurations26. Sans être aussi remarquable, un tel hiatus entre monde antique et xie-xiie siècles existe bien ailleurs. Plusieurs travaux ont souligné le caractère très instable des sièges épiscopaux en Provence orientale, en bas Languedoc ou en Italie centrale et méridionale aux vie-viie siècles : dans ces régions, il faut en fait attendre la période carolingienne ou le xie siècle, voire la période normande pour l’Italie méridionale, pour que les cités épiscopales se fixent définitivement. On le sait, la formation de la carte épiscopale se prolonge aussi en Gaule du Nord ou en Bretagne jusqu’aux xe-xie siècles27, en Angleterre jusqu’aux xie-xiie siècles28, pour en rester à des espaces autrefois situés à l’intérieur du limes. À vrai dire, même si les facteurs d’évolution y furent différents, il n’est guère possible d’opposer monde méditerranéen et monde septentrional. Dans ces conditions, durant un long haut Moyen Âge, l’enjeu principal ne fut pas tant la territorialisation du diocèse que la fixation des sièges, leur avènement en tant que pôles rayonnant sur l’espace et la société environnants, leur inscription dans des histoires imaginées censées effacer le souvenir des ruptures du passé (telle l’invasion musulmane de 711 pour la péninsule ibérique).
16Une deuxième thématique concerne les processus de territorialisation du diocèse et l’avènement de l’Église comme institution territoriale. Dans ce cadre, les études rassemblées ici privilégient deux phénomènes : le rôle des conflits, en eux-mêmes et par la réflexion théorique qu’ils suscitent de la part des juristes, et le rôle des chanoines, collectivement ou par l’intermédiaire de certains d’entre eux, les archidiacres. La multiplication des conflits territoriaux aux xie-xiie siècles traduit indéniablement une conscience croissante des enjeux que représente l’emprise territoriale dans une période de concurrence et de fragmentation des pouvoirs, mais aussi de vive croissance démographique et économique. Au-delà de l’analyse des processus conflictuels et des délimitations concrètes qu’ils entraînent, sur le terrain et dans les textes, les études insistent sur deux éléments. Le premier tient à la répartition des rôles : au premier rang des acteurs des conflits les plus opiniâtres ne sont pas les évêques mais les chanoines. Le second tient aux rapports étroits entre les conflits territoriaux et les premières « mises en texte » des territoires diocésains, à l’image de ce que l’historiographie a depuis longtemps relevé, avec une chronologie voisine, pour les paroisses : le plus souvent ce sont les pièces des dossiers de conflits qui composent le premier socle documentaire témoignant de la nature et de l’assise territoriales du pouvoir épiscopal et canonial. Le rôle privilégié des chanoines s’explique surtout par des préoccupations d’ordre patrimonial, dont le processus de séparation des menses épiscopale et canoniale constitue la matrice. Ce dernier commence parfois dès l’époque carolingienne à la suite de l’adoption de la règle d’Aix, mais il ne se généralise qu’aux xie-xiie siècles, au moment où dans bien des diocèses les chapitres se constituent véritablement. Alors que les menses épiscopales conservent en général un profil fiscal et seigneurial très prononcé (des droits dans la cité, d’anciens domaines patrimoniaux et fiscaux, des monastères épiscopaux), les menses canoniales sont pour l’essentiel constituées d’églises paroissiales du diocèse et des droits qui en dépendent (cimetières et sepultura, dîmes, oblations et prémices, synodes et visites). Cette correspondance entre l’espace seigneurial canonial et l’horizon diocésain explique que les chanoines soient naturellement portés à s’investir dans une maîtrise efficace et rigoureuse du territoire diocésain à travers, en particulier, le contrôle des églises paroissiales, voire celui des dîmes. Certes, les chanoines sont loin d’être les seuls maîtres des églises et des dîmes du diocèse et la concurrence des moines est sévère. Mais au cours du xiie siècle, leur emprise progresse et s’immisce de plus en plus souvent au cœur des domaines monastiques au moyen de taxes ecclésiales spécifiques ou grâce à l’encadrement croissant des desservants. Par ailleurs, les chanoines jouent un rôle décisif dans l’élaboration des nouvelles pratiques documentaires et juridiques favorisant la territorialisation du diocèse. Cet investissement est à resituer dans le contexte plus large de la dynamique culturelle qu’animent les chapitres tout au long du xiie siècle : on connaît leur rôle dans le renouveau des études juridiques en Italie et dans le sud de l’ancienne Gaule ou dans la renaissance scolaire, théologique et philosophique, dans le nord.
17Enfin, la diversité des approches régionales proposées cherche à inscrire le processus de territorialisation du diocèse dans une géographie globale et donc dans une chronologie à la fois précise et nuancée. Il y a, à l’échelle européenne, des configurations décalées du processus de territorialisation qui tiennent en particulier à la périodisation et aux formes de l’inclusion des différentes régions d’Europe au sein de la « chrétienté »29, même si une relative convergence peut être située aux xie-xiie siècles. Le cas de la Gascogne, assez bien connu, présente par exemple un net décalage morphologique et chronologique entre une Gascogne orientale tôt structurée autour d’anciens chefs-lieux de cités et de la métropole d’Auch, promue à l’époque carolingienne, et une Gascogne occidentale à l’histoire plus complexe, un temps unie autour d’un grand évêché au profil imprécis (fin xe-milieu xie siècle), avant de connaître un foisonnement de sièges et une certaine normalisation territoriale à l’époque grégorienne30. Ce genre de décalage se retrouverait en bien d’autres régions, entre deux Bretagne par exemple, ou bien, à front renversé, entre deux Provence31. Il y a des laboratoires de la territorialisation, comme il y a des espaces conservatoires des conceptions et des pratiques antérieures. Il faudrait par ailleurs se garder d’une approche trop globalisante à l’échelle européenne, souvent porteuse de clichés, tant peuvent être voisines des situations différentes.
184. Les études réunies dans ce volume s’organisent de la manière suivante. Un exposé préliminaire présente l’évolution des représentations du diocèse du ve au xiiie siècle et la diffusion progressive d’une conception territoriale sous l’influence des conflits et des commentaires qu’ils suscitent dans les discours ecclésiologiques et les traités juridiques. Les treize études suivantes déploient un parcours chronologique et thématique. Une première partie souligne la fragilité des centres et la fluidité des espaces diocésains de la fin de l’Antiquité au xe siècle. Une deuxième partie est consacrée à la phase décisive de hiérarchisation des sièges et de territorialisation des diocèses entre le xe et le xiie siècle. Elle s’efforce de tenir l’équilibre entre les situations périphériques, terres de mission ou de (re)conquête, et le vieux cœur de la chrétienté. Une troisième et dernière partie évoque les nouvelles formes de gestion territoriale du diocèse aux xiie-xiiie siècles en insistant sur la structuration interne du diocèse et le rôle des stratégies d’écriture.
Notes de bas de page
1 Ripoll, Fabrice, et Veschambre, Vincent, « Le territoire des géographes. Quelques points de repère sur ses usages contemporains », dans Les territoires du médiéviste, B. Cursente et M. Mousnier (dir.), Rennes, 2005, p. 275-291. Voir aussi Ripoll, Fabrice, et Veschambre, Vincent, « Face à l’hégémonie du territoire : éléments pour une réflexion critique », dans Lire les territoires, Y. Jean et Ch. Calenge (dir.), Tours, 2002, p. 261-288 ; et Di Méo, Guy, « Lecture des territoires », ibid., p. 221-223.
2 Weber, Max, Économie et société, t. I, Les catégories de la sociologie, Paris, 1995 (1re éd. allemande 1922), p. 291.
3 Lauwers, Michel, Naissance du cimetière. Lieux sacrés et terre des morts dans l’Occident médiéval, Paris, 2005, p. 23, qui s’appuie sur le Digeste reprenant le jurisconsulte du iie siècle apr. J.-C. Sextus Pomponius.
4 J’ai bien conscience de la relative étroitesse de la définition retenue au regard de la définition la plus courante qui voit dans le territoire l’espace où se définissent des communautés d’appartenance (qu’elles soient politiques, sociales et/ou religieuses). Mais j’y vois le gage d’une meilleure circonscription du sujet traité ici.
5 Voir, par exemple, le texte de Grégoire de Tours (vie siècle), cité par Laurent Schneider dans sa contribution, ou la notice du cartulaire de Dax (fin xie-début xiie siècles), cité dans ma première contribution (Cujus dominus, ejus episcopatus…).
6 Lauwers, Michel, « Paroisse, paroissien et territoire. Remarques sur parochia dans les textes latins du Moyen Âge », Médiévales, n° 49, p. 11-31.
7 Le texte est édité par Tangl, Michael, Die päpstliche Kanzleiordnungen von 1200-1500, Innsbrück, 1894, p. 1-32.
8 Schmidt, Hans-Joachim, « Grenzen in der mittelalterlichen Kirche. Ekklesiologische und juristische Konzepte », dans Grenzen und Raumvorstellungen (11.-20. Jh.). Frontières et conceptions de l’espace (11e-20e siècles), G. P. Marchal (éd.), Zürich, 1996, p. 137-162 ; Kéry, Lotte, Die Errichtung des Bistums Arras 1093/94, Sigmaringen, 1994 ; Malbois, abbé E., « Union et séparation des évêchés d’Orange et de Saint-Paul-Trois-Châteaux », Bulletin de la société départementale d’archéologie et de statistique de la Drôme, 2e sér., t. 8, 1925, p. 307-317.
9 On peut citer le cas exemplaire de la Provence : Reinaud de Fonvert, Alexis, Carte des circonscriptions diocésaines avant 1789 dans les anciennes provinces ecclésiastiques d’Aix, d’Arles et d’embrun pour servir à l’intelligence des divisions civiles et administratives de la province romaine à la fin du ive siècle après J.-C., Aix-en-Provence, 1862.
10 Longnon, Auguste, Atlas historique de la France depuis Jules César jusqu’à nos jours, Paris, 1885-1889 ; id., Texte explicatif des planches, Paris, 1907 ; Pouillés des provinces de France, Recueil des historiens de la France, Paris, 9 volumes parus depuis 1903. Longnon est notamment l’auteur du volume concernant la province ecclésiastique de Tours, paru en 1903.
11 Voir en dernier lieu Les territoires du médiéviste, B. Cursente et M. Mousnier (dir.), Rennes, 2005.
12 Voir les contributions de Yann Codou et Laurent Schneider.
13 Sur le sens à donner au terme sacré, voir Schmitt, Jean-Claude, « La notion de sacré et son application à l’histoire du christianisme médiéval », dans id., Le corps, les rites, les rêves, le temps. Essais d’anthropologie médiévale, Paris, 2001, p. 42-52 ; Lauwers, Michel, « Le cimetière dans le Moyen Âge latin : lieu sacré, saint et religieux », Annales HSS, 1999, p. 1047-1072. Pour une présentation du programme initial du CEM d’Auxerre, voir Iogna Prat, Dominique, avec l’aide de Lauwers, Michel, et Zadora Rio, Elisabeth, « La spatialisation du sacré dans l’Occident latin (ive-xiiie s.) », Centre d’études médiévales d’Auxerre. Études et travaux, 1, 1998-1999, p. 44-57.
14 Lemarignier, Jean-François, Étude sur les privilèges d’exemption et de juridiction ecclésiastique des abbayes normandes depuis les origines jusqu’en 1140, Paris, 1937 (cas de Saint-Florent de Saumur) ; id., « De l’immunité à la seigneurie ecclésiastique. Les territoires coutumiers d’églises en Ile-de-France et dans les régions voisines d’après les diplômes des premiers Capétiens (987-1108) », dans Études d’histoire du droit canonique dédiées à Gabriel Le Bras, t. I, Paris, 1965, p. 619-630 ; Rosenwein, Barbara H., Negotiating space. Power, restraint and privileges of immunity in early medieval Europe, Ithaca-Londres (EU), 1999, et Méhu, Didier, Paix et communautés autour de l’abbaye de Cluny (xe-xve siècle), Lyon, 2001 (cas de Cluny).
15 Voir, dans la bibliographie ci-jointe, les études d’Imbart de La Tour, Chaume, Aubrun, Fournier pour la France, Nanni pour l’Italie.
16 La paroisse. Genèse d’une forme territoriale, D. Iogna-Prat et E. Zadora-Rio (dir.), Médiévales, n° 49, 2005.
17 Le Décret de Gratien énonce une première définition de la paroisse par la résidence vers 1140. Mais il faut attendre le canoniste Henri de Suse, dans la deuxième moitié du xiiie siècle, pour disposer d’une première définition de la paroisse comme territoire pourvu de limites.
18 Voir en particulier les remarques de Zadora Rio, Elisabeth, « Territoires paroissiaux et construction de l’espace vernaculaire », dans La paroisse. Genèse…, op. cit., p. 105-119 ; ead., « The making of churchyards and parish territories in the early medieval landscape of France and England in the 7 th-12 th centuries : a reconsideration », Medieval archeology, 47, 2003, p. 1-19.
19 Voir les diverses références fournies dans la bibliographie ci-jointe.
20 Voir la synthèse et les orientations bibliographiques fournies par Laurent Ripart dans sa contribution à Lauwers, Michel, et Ripart, Laurent, « Représentation et gestion de l’espace dans l’Occident médiéval (ve-xiiie siècle) », dans Rome et l’État moderne européen, J.-Ph. Genet (dir.), Rome, 2007, p. 115-171, ici p. 154-158. On peut aussi renvoyer au volume Les élites et leurs espaces. Mobilité, rayonnement, domination (vie-xie s.). Actes du colloque de Göttingen (3-5 mars 2005), Ph. Depreux, F. Bougard et R. Le Jan (dir.), Turnhout, 2007.
21 On sait combien les Ottoniens ont joué un rôle décisif en la matière et comment ils ont influencé, à la fin du xe siècle, les souverains Rodolphiens du royaume de Bourgogne. On connaît aussi quelques exemples en Francia occidentalis. Voir le cas de Reggio évoqué ici par la contribution de Laurent Feller.
22 Voir, parmi d’autres, l’exemple des vicomtes et évêques de Marseille : Mazel, Florian, La noblesse et l’Église en Provence, fin xe-début xive siècle, Paris, 2002, p. 29-153. Voir aussi la contribution de Laurent Ripart.
23 Voir, par exemple, le cas d’Albi : Biget, Jean-Louis, « Castelnau en milieu urbain : l’exemple d’Albi », dans Châteaux et peuplements en Europe occidentale du x e au xviiie siècle, Flaran 1, Auch, 1980, p. 163-172, ici p. 168-169 ; ou celui de Marseille : Mazel, Florian, La noblesse et l’Église…, op. cit., p. 268-272.
24 Surtout étudiées pour les régions méridionales : voir dernièrement Bourin, Monique, et Durand, Aline, « Église paroissiale, cimetière et castrum », dans L’environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales, M. Fixot et E. Zadora-Rio (dir.), Paris, 1994, p. 98-106 ; Durand, Aline, Les paysages médiévaux du Languedoc (xe-xiie siècle), Toulouse, 1998, p. 133-154 ; et Estienne, Marie-Pierre, Châteaux, villages, terroirs en Baronnies, xe-xve siècle, Aix-en-Provence, 2004, p. 167-238.
25 Sur les relations entre seigneurie épiscopale et territoire diocésain, voir par exemple : Settia, Aldo, « Assetto diocesano e signoria vescovile », Aevum, 65, 1991, p. 295-307 ; et Mazel, Florian, « L’Église d’Arles d’Ithier (961-985) à Raimbaud (1030-1069). Fondements et horizons d’une hégémonie archiépiscopale », dans L’organizzazione ecclesiastica nel tempo di San Guido. Istituzioni e territorio nel secolo xi, Acqui Terme, 2007, p. 105-138. Sur la géographie ecclésiastique interne du diocèse (hors paroisse), voir la contribution de Daniel Pichot.
26 Voir la contribution de Patrick Henriet et les études de : Nef, Annliese, « Géographie religieuse et continuité temporelle dans la Sicile normande (xie-xiie siècle) : le cas des évêchés », dans À la recherche de légitimités chrétiennes. Représentations de l’espace et du temps dans l’Espagne médiévale (xie-xiiie siècle), P. Henriet (éd.), Lyon, 2003, p. 177-196 ; et Martin, Jean-Marie, La Pouille du vie au xiie siècle, Rome, 1993.
27 Voir les contributions de Charles Mériaux et Bernard Merdrignac.
28 Dickinson, John, « Diocesi e sedi episcopali dell’Inghilterra dopo la conquista normanna », dans Le istituzioni ecclesiastiche della societas christiana dei secoli xi-xii. Diocesi, pievi e parrochie, Milan, 1977, p. 293-308 ; et Hill, Geoffrey, English Dioceses. A History of their limits, Londres, 1900.
29 Certains espaces périphériques peuvent alors jouer un rôle pionnier. Voir la contribution de Steffen Patzold sur la création du diocèse de Magdebourg.
30 Voir en dernier lieu Sénac, Robert-André, « Essai de géographie et d’histoire de l’évêché de Gascogne (977-1059) », Bulletin philologique et historique, 1980, p. 11-25 ; id., « L’évêché de Gascogne et ses évêques (977-1059) », dans Actes du 104e congrès national des sociétés savantes (Bordeaux, 1979), t. II, Paris, 1981, p. 131-144.
31 La structuration diocésaine définitive de la haute Bretagne (Nantes, Rennes, Vannes) est bien antérieure à celle de la basse Bretagne ; celle de la basse Provence occidentale bien antérieure à celle de la Provence orientale.
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