MOLIÈRE – Variations sur les fêtes royales, par Michel Butor (Genève, 1991)
Six cours, parfois coupés et de qualité sonore assez passable, donnés par Michel Butor à l’Université de Genève en 1991.
� Vous aurez beau faire Monsieur, dit la jolie marquise, vous n�aurez jamais mon c�ur.
� Je ne visais pas si haut, Madame.
Le Bourgeois gentilhomme
Tous les discours n'avancent point les choses. Il faut faire et non pas dire ; et les effets d�cident mieux que les paroles.
Il y a quelque chose d�admirable dans l�homme, quoi que vous puissiez dire, que tous les savants ne sauraient expliquer.
DOM JUAN, Acte III, Sc�ne 1.
Sur quelque pr�f�rence une estime se fonde,
Et c�est n�estimer rien qu�estimer tout le monde.
CL�ANTE : Et que nous servira d'avoir du bien, s'il ne nous vient que dans le temps que nous ne serons plus dans le bel �ge d'en jouir.
HARPAGON : Je ne donne ma mal�diction.
CL�ANTE : Je n'ai que faire de vos dons.
Acte IV, Sc�ne 5.
LA FL�CHE : " Donner " est un mot pour qui il a tant d'aversion qu'il ne dit jamais : " Je vous donne ", mais " Je vous pr�te le bonjour ".
Acte II, Sc�ne 4.
FROSINE : Mon Dieu, je sais l'art de traire les hommes. J'ai le secret de m'ouvrir leur tendresse, de chatouiller leurs c�urs, de trouver les endroits o� ils sont sensibles.
LE COMMISSAIRE : Laissez-moi faire, je sais mon m�tier, Dieu merci. Ce n�est pas d�aujourd�hui que je me m�le de d�couvrir des vols, et je voudrais avoir autant de sacs de mille francs que j�ai fait pendre de personnes.
HARPAGON : Tous les magistrats sont int�ress�s � prendre cette affaire en main ; et, si l�on ne me fait retrouver mon argent, je demanderai justice de la justice.
LE COMMISSAIRE : Il faut faire toutes les poursuites requises. Vous dites qu�il y avait dans cette cassette ?
HARPAGON : Dix mille �cus bien compt�s.
LE COMMISSAIRE : Dix mille �cus !
HARPAGON : Dix mille �cus.
LE COMMISSAIRE : Le vol est consid�rable.
HARPAGON : Il n�y a point de supplice assez grand pour l��normit� de ce crime ; et, s�il demeure impuni, les choses les plus sacr�es ne sont plus en s�ret�.
Acte V, Sc�ne 1.

MA�TRE JACQUES : Monsieur, si vous voulez que je vous dise les choses, je crois que c�est monsieur votre cher intendant qui a fait le coup.
HARPAGON : Val�re !
MA�TRE JACQUES : Oui.
HARPAGON : Lui ! qui me para�t si fid�le ?
MA�TRE JACQUES : Lui-m�me. Je crois que c�est lui qui vous a d�rob�.
HARPAGON : Et sur quoi le crois-tu ?
MA�TRE JACQUES : Sur quoi ?
HARPAGON : Oui.
MA�TRE JACQUES : Je le crois� sur ce que je le crois.
LE COMMISSAIRE : Mais il est n�cessaire de dire les indices que vous avez.
HARPAGON : L�as-tu vu r�der autour du lieu o� j�avais mis mon argent ?
MA�TRE JACQUES : Oui, vraiment. O� �tait-il votre argent ?
HARPAGON : Dans le jardin.
MA�TRE JACQUES : Justement ; je l�ai vu r�der dans le jardin. Et dans quoi est-ce que cet argent �tait ?
HARPAGON : Dans une cassette.
MA�TRE JACQUES : Voil� l�affaire. Je lui ai vu une cassette.
HARPAGON : Et cette cassette, comme est-elle faite ? Je verrai bien si c�est la mienne.
MA�TRE JACQUES : Comment elle est faite ?
HARPAGON : Oui.
MA�TRE JACQUES : Elle est faite� elle est faite comme une cassette.
LE COMMISSAIRE : Cela s�entend. Mais d�peignez-la un peu, pour voir.
MA�TRE JACQUES : C�est une grande cassette.
HARPAGON : Celle qu�on m�a vol�e est petite.
MA�TRE JACQUES : H� ! oui, elle est petite, si on le veut prendre par l� ; mais je l�appelle grande pour ce qu�elle contient.
LE COMMISSAIRE : Et de quelle couleur est-elle ?
MA�TRE JACQUES : De quelle couleur ?
LE COMMISSAIRE : Oui.
MA�TRE JACQUES : Elle est de couleur� l�, d�une certaine couleur� Ne sauriez-vous m�aider � dire ?
HARPAGON : Euh !
MA�TRE JACQUES : N�est-elle pas rouge ?
HARPAGON : Non, grise.
MA�TRE JACQUES : H� ! oui, gris-rouge ; c�est ce que je voulais dire.
HARPAGON : Il n�y a point de doute ; c�est elle assur�ment.
Acte V, Sc�ne 2.